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Né en Syrie, j'ai passé la moitié de ma jeunesse là -bas. Quand j’ai été admis à l’université, j’ai vécu un an à Damas puis les années suivantes, j’ai préféré faire la navette entre Damas et Zabadani, ma ville natale.
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Je rentrais souvent souvent chez moi, alors que ma mère me préparait le déjeuner. Je l’admirais énormément, elle confectionnait des plats sans mesurer les quantités des ingrédients. Les plats qu’elle nous faisait pouvaient nous sustenter plusieurs jours. Elle très inventive et nous préparait des plats pour que tous les membres de la famille soit heureux.
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En Syrie, l'ancienne génération comme ma mère, qui est née en 1938, n'a pas eu accès malheureusement à l'éducation, comme la nouvelle génération. Les tâches attribuées aux femmes concernait l’éducation des enfants et la préparation des repas.
Les femmes se réunissaient souvent devant notre porte pour discuter des menus qu’elles feraient les jours suivants. Les recettes étaient transmises de bouche à oreille. Les femmes syriennes sont d'excellentes cuisinières.
En Syrie, on trouve une répartition traditionnelle des tâches : la mère restant au foyer, le père travaillant à l’extérieur. Il n’était pas rare que ma mère passe toute une matinée pour préparer un plat comme par exemple le Kobbé.
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Pour les fêtes ou le mariage, toute la famille vaquent à la préparation des différents plats qui sont différents d’une région à une autre, par contre d’autres plats sont présents dans l’ensemble de la Syrie avec quelques variantes. C'est le cas du chiche kebab d' Alep qui se fait avec des cerises tandis qu’à Damas il est préparé à base de persil et de tomates.
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En Syrie, la cuisine est très variée en raison des différentes cultures et invasions que le pays a connues. On peut affirmer que le cuisine syrienne est un art. La cuisine syrienne a su exporter quelques spécialités comme le taboulet et le houmous qui sont très apprécié des végans et des végétariens.
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Dans ma ville Zabadani où je suis né, j'ai toujours mangé le Tés'yé* le vendredi, jour de repos hebdomadaire. Mon père mettait le pois chiche dans une jarre pour le faire cuire toute une nuit au four à pain de notre quartier. Avec les graines cuites nous préparions différents plats, notamment la purée du houmous ou le tes'yé. À Zabadani, le vendredi je préparais le tes'yiè, plat composé par couches de houmous, de pois chiche, de pain rassis, de yaourt, et de beurre légèrement chauffé, versé à la surface.
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Au Nord Est de la Syrie, proche de la frontière irakienne, le plat préféré est
le mansaf.
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C’est en France que j ai commencé à faire des petits plats. Il est parfois difficile de cuisinier certains plats par manque des ingrédients nécessaires. Au fur et à mesure, j ai acquis l'art de cuisiner, bien sûr, sans mesurer. Je ne dose jamais. Par exemple, lorsque je fais de la confiture je regarde et je mets le sucre en fonction, puis je goûte.
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Depuis 2013, l'association « Pour la Paix en Syrie » dont je suis le responsable, participe, comme tous les ans, au festival du Toit du Monde. C'est une occasion pour parler de la Syrie et de la faire connaître à travers la culture et la cuisine syrienne.
Chaque année, je prépare seul les plats. Les assiettes sont composées de houmous*, taboulé*, Kobbé*, kafta*, du motabbel*. Pour le dernier festival du Toit du Monde j'ai préparé neuf plats dont 3 nouveaux : Le maqloubéh, les falafels, et le mansaf.
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Je dispose les assiettes sur une table qui attire l’œil des passants et qui aiguise leur appétit. Une file d’attente se forme devant mon stand, comme j’étais seul au départ, il était difficile pour moi de satisfaire rapidement les clients. Heureusement, Agnès de Amnesty International Poitiers, est venue m’aider. Mes plats ont remporté un vif succès.
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La presse poitevine a parlé de la cuisine syrienne comme cuisine du Monde participant au festival du Toit du Monde, 26 mai 2019. Elle m'a interviewé dans mon restaurant que j'ai ouvert en septembre 2018 à Poitiers, Place Montierneuf. J’ai constaté lors des différents festivals du Toit du Monde qu’il y avait une véritable demande de la part des pictaviens-iennes pour la cuisine syrienne.
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Je suis extrêmement satisfait de ma participation au festival du Toit du Monde en 2019. Car c'est l’occasion d’échanger, de rencontrer des personnes de différentes cultures et de parler de la situation la Syrie. En espérant que la paix régnera bientôt dans ce beau pays.
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les plats syriens :
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Kobbé : Farce de viande hachée, oignons, sept épices, pin ou noix
Houmous : Purée du pois chiche au tahinéh
Falafels : Baignées du pois chiche
Maqloubéh : Couches de viande de bœuf, d'aubergine frites, du riz parfumé aux noisettes
kafta : Viande de bœuf hachée, persillée et à l’échalote
Moutabbale : Aubergine au tahinéh
Tes'yé : Couches de pois de chiche et d'houmous et du pain rassis
Mansaf : Riz au poulet parfumé aux cheveux d'ange et aux noisettes
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M Moussa Mohamed
président de l'association « Pour la Paix en Syrie)