d'Ivry-sur-Seine
Thomas Delhon : Le projet MiNEO porte sur l’exploitation des astéroïdes. Cette exploitation vise à extraire des métaux et terres rares qui, aujourd’hui, représentent des ressources essentielles de notre économie en étant à l’origine de composants omniprésents dans de très nombreux objets et appareils du quotidien – nos téléphones, ordinateurs, écrans, batteries, éoliennes, etc. Or, les pays occidentaux font face à un énorme problème : l’actuel monopole de la Chine sur l’exploitation de ces ressources sur Terre. Ainsi, l’exploitation d’astéroïdes pourrait permettre de redonner un peu de souveraineté à l’Europe en la matière. Mais au-delà de l’aspect économique, cette conquête représente également d’autres enjeux, à la fois géopolitiques, scientifiques ou encore environnementaux – l’exploitation de ces ressources sur Terre étant, par exemple, une source importante de pollution. Toutes ces raisons nous ont poussés à démarrer le projet !
TD : Certaines ont des noms complexes, mais pour les plus connues, on peut citer le platine, le néodyme – qui sert pour les aimants et est donc essentiel pour la conception d’objets électriques –, l’iridium, le rhodium ou encore l’or.
TD : Nous avons commencé à y penser en 2020, mais ce n’est qu’au mois de juillet 2021 que Thomas et moi nous sommes dit qu’il y avait quelque chose à faire et que nous pouvions commencer à développer l’idée dans le cadre scolaire, à l’IPSA.
Thomas Artigau : Avant de se lancer dans MiNEO, nous étions tous les deux déjà très intéressés par l’entrepreneuriat. Mais si nous échangions régulièrement sur de potentiels projets à mener, cela a toujours été cette idée en particulier qui trônait en haut de la liste, parce qu’elle était la plus fantastique comme la plus utopique. Quand la période des projets de fin d’études à l’IPSA s’est profilée à l’horizon, on a alors décidé qu’il s’agissait du bon moment pour se lancer. Ona commencé à analyser la rentabilité du minage d’astéroïde avant d’aller plus loin et d’envisager la création d’une start-up. Une fois le projet démarré, on a décidé de s’y consacrer de toutes nos forces !
TD : Pour se lancer dans un tel projet, il faut forcément être ambitieux. Or, je pense que Thomas et moi partageons ce trait de personnalité. Pour nous, que ce projet puisse paraître un peu fou n’est pas du tout rédhibitoire, bien au contraire : c’est un challenge qui nous plaît, d’autant que nous sommes persuadés de sa faisabilité. D’ailleurs, nos recherches nous ont montré que le minage d’astéroïdes était également envisagé par d’autres acteurs. Alors pourquoi pas nous ? Personnellement, je ne voyais pas d’obstacle à me lancer dans une telle aventure, même en n’étant qu’étudiant. C’est même le contraire : je pense qu’il y a tout intérêt à ce que des profils comme le nôtre viennent apporter leur jeunesse à des projets aussi novateurs. Et cette période de fin de cursus à l’IPSA semblait idéale pour démarrer, avant d’entamer la vie professionnelle.
TA : L’ambition qui nous anime est, au fond, indissociable de notre envie de rêver. De toute façon, on ne peut pas se lancer dans un projet pareil sans rêver et, comme l’a dit Thomas, on sait que d’autres personnes dans le monde partagent ce rêve. En attendant, plus nous travaillons sur le sujet et plus nous constatons qu’il peut devenir réalité. Et plus nous dressons ce constat et plus nous avons envie de travailler sur cette course pour l’espace. C’est un cercle vertueux !
TA : Parce que l’on suit assidûment l’actualité du secteur, on voit régulièrement des entreprises se développer un peu partout dans le monde sur des sujets liés au spatial. Même si cela reste encore minime par rapport à ce qui se fait aux États-Unis grâce au sillon tracé par SpaceX, de nouveaux projets voient également le jour en Europe, notamment en France et en Allemagne… et nous espérons bien permettre à MiNEO de faire partie de ce New Space !
TD : L’exemple de SpaceX est forcément inspirant, dans le sens où tout le monde prenait Elon Musk pour un illuminé au début. Bon, après, la réussite de SpaceX est un cas à part, bien aidé par le contexte américain très différent du nôtre. En Europe il y a une dizaine d’années, on a fait l’erreur de ne pas faire confiance aux entreprises privées sur l’accès à l’espace, mais on sent vraiment une volonté de se rattraper désormais. Un bon exemple de ce changement, ce sont les récentes annonces faites par Bruno Lemaire, le ministre de l’Economie, sur l’ambition d’investir plusieurs milliards dans le New Space. Il y a une réelle envie de pousser des startups pour en faire les futurs leaders du spatial à l’échelle européenne. L’Europe ne veut pas refaire la même erreur et c’est rassurant pour nous. On sait qu’un projet comme celui de MiNEO peut susciter de l’intérêt. Cela nous donne une certaine légitimité comme la possibilité d’être accompagnés et d’avoir devant nous de belles perspectives de réussite.
TD : Même si nous devons le mener en parallèle de nos études – et bientôt de notre stage en entreprise –, nous avons déjà pu réaliser des analyses, notamment sur sa rentabilité, et amorcer plusieurs travaux. Notre objectif est de pouvoir prochainement rejoindre un incubateur et de passer du projet entrepreneurial à la création d’une véritable start-up.
TA : Nous sommes vraiment dans la phase de développement, avec aussi l’ambition de se faire connaître en participant à des concours. Nos récentes participations prouvent d’ailleurs que l’on a une carte à jouer. Et dans le futur, outre l’incubation et la création de la start-up, une autre grosse étape portera sur l’augmentation de nos forces, avec l’accueil de nouvelles personnes prêtes à faire grandir MiNEO. Après, en ce qui concerne l’état du projet en tant que tel, nous sommes vraiment concentrés sur le développement de la solution technique pour parvenir à réaliser le minage d’astéroïde par nous-mêmes. Bien entendu, cette solution nécessitera au-préalable des phases de recherche, sur Terre et dans l’espace. En effet, pour miner un astéroïde, il faut d’abord connaître sa composition et donc l’étudier. Or, pour cela, il faut se rendre sur place via des missions de reconnaissance. D’où l’idée de pouvoir, à l’avenir, s’associer avec l’Agence spatiale européenne ou des centres de recherches pour collaborer et faire avancer à la fois notre projet et la science sur ces astres encore trop souvent méconnus.
TD : On ne veut surtout pas se fermer de portes quant à notre activité car on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Par exemple, peut-être que l’on trouvera des acteurs à qui l’on pourra déléguer une partie de la conception de notre système, faisant alors de MiNEO un opérateur… On peut envisager beaucoup de choses ! Mais ce qui est sûr, c’est que nous ne voulons pas nous limiter à certains choix pour le moment. On a encore du temps devant nous.
TD : Nous sommes forcément très honorés, en particulier avec ce prix Petit Poucet. Le recevoir alors que le projet est encore jeune, c’est un gage de confiance, d’autant qu’il est attribué par un jury composé de professionnels : ils croient en nous et, à leur échelle, vont nous permettre de continuer notre projet. Cela se traduit par une aide financière et par l’accompagnement de Sébastien Forest, le créateur d’Alloresto (maintenant devenu Just Eat), soit quelqu’un avec une très grande connaissance de l’entrepreneuriat qui a su réussir à façonner une belle entreprise à grande échelle. Enfin, c’est aussi une forme de récompense pour tout le mal que Thomas et moi nous sommes donné jusqu’à présent. Nous sommes très fiers et ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin : nous prévoyons déjà de participer à d’autres concours et remporter de nouveaux prix !
TA : Au-delà des prix, chaque concours est également l’occasion de faire de nouvelles rencontres. Lors de la finale du Programme NewSPACEBooster par exemple, j’ai pu échanger avec un député pour lui présenter la thématique de notre projet qui, de fait, bouscule un peu les codes vis-à-vis de la législation sur le spatial. Ce genre de discussions peut aussi aider à faire bouger les lignes en notre faveur. Il n’est pas non plus rare d’y croiser des scientifiques spécialistes du domaine. Recevoir leurs retours est toujours très précieux pour nous. D’ailleurs, tous ceux que nous avons pu rencontrer considèrent que notre projet est faisable, à condition évidemment de travailler énormément. Cela tombe bien car on va justement tout faire pour y parvenir !
TD : L’environnement de l’IPSA est aussi utile pour ça. Dernièrement, on a pu s’entretenir avec Patrick Michel, directeur de recherche au CNRS et spécialiste mondial sur les astéroïdes, suite à une conférence sur notre campus : il était ravi de voir des Français s’intéresser à ce sujet ! Le soutien de la communauté scientifique est très important pour nous.
TA : Via notre page Linkedin ! Vous pouvez déjà vous y abonner pour suivre nos actualités et aussi passer par elle pour nous contacter. Sinon, il y a nos propos profils LinkedIn à Thomas et moi. Vous pouvez également nous contacter par mail à thomas.artigau@ipsa.fr et thomas.delhon@ipsa.fr.