Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux d'accueillir à Paris une nouvelle fois le Premier ministre du Canada Monsieur Justin TRUDEAU venu participer au 75ème anniversaire du Débarquement en Normandie et quelques semaines après votre présence, cher Justin, pour l'appel de Christchurch. Je suis très heureux qu'on ait eu à nouveau l'occasion de passer en revue les sujets bilatéraux et internationaux.
Il y a 75 ans en effet 1000 soldats canadiens périrent sur la plage de Juno Beach pour assurer la réussite de l'opération Overlord et libérer l'Europe du joug des Nazis et je veux ici redire après les cérémonies d'hier et l'organisation, et je vous en remercie encore, de la cérémonie internationale à Juno Beach, les remerciements et la gratitude du peuple français pour le sacrifice et ce qu'elle doit au peuple canadien.
Ces moments d'une grande émotion que nous avons vécus ces deux derniers jours ensemble à Portsmouth, sur le sol français sont je crois la meilleure manière de dire ce que nous devons à notre histoire et que celle-ci aussi nous dépasse et crée des liens indéfectibles entre nos nations. Et cette amitié franco-canadienne que nous célébrons aujourd'hui se reflète aussi dans la confiance mutuelle que nous partageons, dans la densité de nos relations et dans les valeurs communes que nous voulons promouvoir dans le cadre de la relation bilatérale comme au sein de toutes les enceintes internationales.
C'est d'abord la défense résolue que nous menons ensemble pour le multilatéralisme. Je crois que l'une des leçons de ce deuxième conflit mondial, l'un des acquis des jours qui ont suivi, des mois et des années qui ont suivi le Débarquement du D-Day, ce fut précisément l'invention de ces nouvelles structures du multilatéralisme avec lesquelles nous vivons. Et nous sommes l'un et l'autre profondément attachés aux Nations Unies, à notre capacité à défendre les biens mondiaux et l'engagement qui est le nôtre en matière climatique, en matière d'une plus grande justice internationale, en matière aussi de notre capacité à réguler les conflits par ce dialogue s'inscrit pleinement dans l'héritage de la Deuxième guerre mondiale.
Cet engagement nous l'illustrons d'abord et avant tout en ce moment par, si je puis dire, le passage de témoin dans la présidence du G7. Nos équipes, nos ministres et nous-mêmes avons travaillé depuis plusieurs mois de manière constante pour qu'il y ait une continuité entre nos deux présidences et que ce qui a été initié l'année dernière puisse se poursuivre avec des résultats encore consolidés et qu'il s'agisse de la promotion des droits et de l'émancipation des femmes dans le monde, de l'éducation, de la formation professionnelle, des océans, de la biodiversité, de l'intelligence artificielle ce sont autant de sujets sur lesquels nous continuons à avancer ensemble et qui nous permettront en particulier lors du G7 de Biarritz d'avoir des résultats consolidés communs.
C'est le même travail que nous menons ensemble en préparation du G20 dans quelques semaines au Japon où nous souhaitons en matière climatique et en matière de commerce là aussi œuvrer ensemble pour garder une ambition commune et avancer sur ces sujets indispensables. Notre engagement pour le multilatéralisme permet également à nos deux pays de déployer des efforts communs en faveur de la stabilité internationale que ce soit dans le cadre de l'OTAN ou des opérations de maintien de la paix de l'ONU et à ce titre je veux ici saluer l'engagement déterminé du Canada au Mali au sein de la MINUSMA, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation de ce pays.
Par cette contribution dont nous mesurons tout le poids et la signification le Canada témoigne à nouveau de son attachement à la paix et à la stabilité mondiale et pour la France qui, vous le savez, est également mobilisée au Sahel à travers l'opération Barkhane l'engagement du Canada à ses côtés contribue à renforcer notre coopération en matière de défense et je vous en remercie très profondément.
Notre proximité se retrouve aussi dans notre volonté de répondre ensemble à l'urgence climatique et environnementale c'est le sens du partenariat bilatéral que nos ministres de l'environnement ont signé en 2018 et qui a déjà donné naissance à des initiatives concrètes favorisant par exemple la réduction des émissions de gaz à effets de serre dans les transports maritimes, des projets de développement en Afrique ou l'échange d'expertise sur l'enjeu des marchés carbone et de la finance verte.
Là aussi nous aurons des échéances à Biarritz comme à New York dans les prochaines semaines. Ce partenariat répond également à la nécessité de mieux articuler nos engagements climatiques et les échanges économiques et c'est pour moi un enjeu essentiel que j'ai souhaité aborder avec le Premier ministre aujourd'hui et qui s'illustre pleinement dans le travail mené depuis plusieurs années sur le plan commercial entre le Canada et l'Europe, et donc tout particulièrement la France. Nous en avons parlé il y a quelques semaines avec le Premier ministre, nous en avons reparlé aujourd'hui.
La signature en 2016 de l'accord entre l'Union européenne et le Canada est un élément important dans notre relation. Elle avait suscité des craintes, notamment sur ses implications pour les normes sanitaires et environnementales ou sur ses conséquences en matière agricole.
Il y a eu depuis le printemps 2017 un travail exemplaire qui a été conduit de manière partenariale et je crois inédite entre le Canada et la France, et tout particulièrement avec une implication forte du Parlement français, un travail qui a permis de lever des malentendus, d'enrichir le texte avec la mise en place d'un véto climatique qui, recommandé par la commission d'experts indépendants, assure qu'aucun investisseur étranger ne pourra remettre en question nos régulations environnementales et un travail de mise en lumière de toutes les ambiguïtés.
Ce travail a donné lieu à des rapports, la commission des affaires étrangères de l'Assemblée et du Sénat ont en particulier alimenté leur travail de ces rapports et le CEPII a remis aujourd'hui celui-ci. C'est pourquoi ce que nous voulons faire maintenant c'est d'aller de l'avant.
Aujourd'hui même, l'ensemble de ces rapports ainsi que le texte de ratification sera transmis au Conseil d'Etat pour une inscription dans les prochaines semaines au conseil des ministres et pour que, dans les meilleurs délais, il puisse y avoir un processus de ratification lancé et un vote à l'Assemblée nationale. Après presque deux ans de mise en œuvre et après cette mise en œuvre provisoire – parce que le CETA est déjà une réalité aujourd'hui puisque la mise en œuvre provisoire a été décidée – le bilan du CETA est positif.
La déstabilisation de l'économie qui avait été crainte par certaines filières agricoles sensibles n'a pas eu lieu, en particulier les importations de viande bovine depuis le Canada ne sont pas du tout au niveau de ce que certains craignaient ou voulaient dire.
Le risque d'une déstabilisation à moyen terme est d'ailleurs totalement endigué comme l'a montré une récente étude menée par les inspections des ministères de l'agriculture, de l'environnement et de l'économie, un dispositif de suivi a été mis en place. Et grâce aux mesures adoptées par le gouvernement depuis 2 ans nous pouvons garantir qu'une application définitive du CETA peut se faire en totale cohérence avec les exigences nationales en matière de santé et d'environnement. Je souhaite pour ce faire que l'Assemblée nationale puisse dans les prochaines semaines examiner ce texte pour lecture et adoption en première lecture.
C'est sur cette base et sur ce travail que nous pourrons ensemble avancer et montrer que, parce qu'il y a un travail, un engagement, une volonté d'ouverture avec une vraie exigence sanitaire, environnementale partagée entre nos deux pays, nous pouvons obtenir des résultats et nous pouvons apporter toutes les garanties légitimes à nos concitoyens, nos acteurs économiques, nos ONG telles qu'elles le demandent.
Ce partenariat, Monsieur le Premier ministre, c'est celui qui nous guide, celui si je puis dire auquel notre histoire nous conduit légitimement et c'est celui que nous continuerons de poursuivre ensemble dans quelques semaines au G20, puis au G7 et dans le travail bilatéral qui nous anime et je vous remercie à nouveau, je te remercie cher Justin, pour ta présence à nouveau à Paris aujourd'hui et surtout la présence tout au long de la journée d'hier aux cérémonies qui ont une fois encore beaucoup touché le peuple français et beaucoup touché, je le sais, l'ensemble de nos vétérans au Canada comme en France.
Merci.