Majesté, que se passe-t-il à Grand-Bassam, depuis quelque temps, pour que vous sortiez ainsi de votre réserve ?
Vous savez, chez nous en Afrique, le Roi ne parle pas mais face au vaste chantier d'assainissement et d'épuration du foncier que nous avons engagé sur nos terres, nous sommes obligé de faire de la communication, pour prendre le peuple à témoin sur certaines pratiques qui risquent de mettre à mal la paix sociale. Comme un Roi ne parle pas, on se permet de me traîner dans la boue. Je suis le Roi de Grand-Bassam et garant légitime des terres de mon royaume, et désormais, les uns et les autres me trouveront sur leur chemin. En matière foncière, il faut faire les choses dans les règles de l'art. Le faux dans ce domaine rattrape toujours et ouvre la voie à des procédures judiciaires qui une fois bouclée, en dernier recours, n'ont plus droit de revenir sur la table du jugement.
Pouvez-vous être plus explicite ?
Nous sommes là ce jour, pour porter à la face de la nation, le fait que le professeur Niamkey Koffi s'est fait établir un titre de propriété sur une superficie de 34 ha sur les terres du royaume, et que M. Ahipeaud Gogoua s'est fait aussi établir un titre de propriété, qui porte sur 13 ha. De toute évidence, les deux titres de propriété ont fait l'objet d'une pré-notation confirmée en dernier recours par la Cour de cassation. Pour moi, le débat est clos, justice a été rendue. Et les décisions de justice sont à notre disposition, car nous avons épuisé tous les recours. Contre toute attente et aussi paradoxalement que cela puisse paraître, nous sommes convoqué par la même cour, aux fins de statuer sur ces mêmes affaires déjà jugées et ayant fait l'objet de décisions judiciaires.
Mais comment expliquez-vous cela ?
C'est la question que je me pose, et on va aller au cas par cas. Prenons le cas de M. Niamkey Koffi. Je le mets au défi de produire, à la face de la nation, une attestation coutumière émanant du royaume. En effet, le compulsoire diligenté aux fins de comprendre la gymnastique par laquelle M. Niamkey Koffi s'est fait établir un titre de propriété, atteste clairement qu'il ne dispose d'aucune attestation coutumière émanant du royaume de Moossou. C'est quand même curieux. Mais le comble, M. Niamkey, pour accomplir (, va fournir à l'administration, un document falsifié qu'il aurait obtenu de moi. C'est un cas flagrant de faux et usage de faux, de faux en écriture. Ce document préfabriqué, très vite détecté par les juges, porte une signature fantaisiste qui est loin d'être la mienne. Il porte un cachet tout aussi surprenant, avec la mention tout aussi farfelue de « chefferie traditionnelle de Moossou ». Alors que tous les cachets que j'ai, depuis des temps lointains, portent la mention « Royaume de Moossou ».
Ce sont de très graves accusations que vous portez là !
Oui, mais toutes les preuves sont là et je les mets à votre disposition. Dans le procès verbal d'enquête, M. Niamkey estime détenir une attestation coutumière émanant du royaume de Moossou, à lui délivrée en 1995. Jusqu'aujourd'hui, il est incapable de fournir ce document. En lieu et place de l'attestation qui demeure inexistant, il nous produit un document sorti de nulle part, avec la mention « Avis », qui lui, date du 25 novembre 1996, qu'il veut nous attribuer. C'est incroyable ! Et pourtant, malgré l'inexistence d'attestation coutumière et des oppositions dûment formulées, le maire d'alors, M. Philippe Ézaley, pour des raisons d'accointances politiques, va donner un avis favorable à M. Niamkey Koffi. Nous avons fourni toutes ces preuves à la Cour de cassation, et l'autorité judiciaire a tranché en notre faveur, déclarant M. Niamkey irrecevable en sa requête. Quant au cas Ahipeaud Gogoua, c'est vraiment une mascarade des collaborateurs de l'ex-ministre de la Construction, Mamadou Sanogo. En effet, là aussi, nous avons diligenté un compulsoire dans les différents services qui interviennent dans la chaîne foncière. Les résultats attestent clairement que M. Ahipeaud Gogoua n'a pas fait d'enquête commodo et incommodo, acte nécessaire à l'établissement de titre de propriété.
Comment sont-ils parvenus à obtenir ces biens alors ?
Écoutez, les Acd (…) de M. Niamkey Koffi et de Ahipeaud Gogoua ont été signées, le 4 janvier 2017. C'est à la même date que le sieur Ayouba Abdoul s'est fait (…) établir deux Acd. Le ministre d'alors avait été induit en erreur par certains de ses collaborateurs (…). Ce système a été démantelé par le ministre Isaac De. Aujourd'hui, grâce à la perspicacité de son successeur, M. le ministre Bruno Nabagné Koné, qui fait un travail formidable, avec son collaborateur actuel, le Dguf Kouamé Alexandre, nous pouvons pousser un ouf de soulagement.
Qu'est-ce que vous réclamez exactement ?
Pour moi, les choses sont claires. Plus de recours dans les jugements rendus par la Cour de cassation contre M. Niamkey Koffi et M. Ahipeaud Gogoua. Je soupçonne des manipulations politiques en sous main. Sous le prétexte qu'ils seraient porteurs d'un projet d'investissement, on demande à la Cour de revoir sa position. C'est un faux alibi. Ce n'est pas parce qu'on a un projet, qu'il faux exproprier les gens de leurs terres. Encore faut-il être en règle vis-à-vis de la loi. Nous sommes ouverts à tout projet d'investissement, pour accompagner le président de la République dans sa volonté de faire de notre pays, une nation émergente. Nous sommes disposés à accompagner tout opérateur, en faisant même des facilités. Qu'ils viennent nous rencontrer et ils pourront travailler librement. Je rappelle que pour le cas de la construction du Lycée d'excellence de Grand-Bassam, j'ai été approché par Son Excellence M. le Vice-président de la République, Daniel Kablan Duncan, et nous avons mis à la disposition de l'État, une parcelle pour la réalisation de ce projet. Il n'est donc pas bienséant d'encourager de tels actes. La politique, c'est la politique, le droit, c'est le droit. Point d'interférence. Pour l'heure, au nom de mon royaume et en mon nom personnel, nous ne voulons plus voir M. Niamkey Koffi et Ahipeaud Gogoua sur nos terres. Je leur interdis formellement tout accès, sinon ils auront affaire à moi et à la sécurité royale, désormais déployée sur les 2 sites. Ni moi, en ma qualité de Roi de Grand-Bassam ni les populations ne peuvent accepter cette forfaiture. Il faut que cela soit clair. La recréation est terminée.
Quel message à tous vos administrés ?
Je voudrais vous traduire sincèrement mes remerciements et vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année. Dieu bénisse notre pays et ses dirigeants. Pour le reste, mes avocats prendront toutes dispositions utiles pour des poursuites pénales.