Rêve brisé, l'espoir fait vivre

Nous, les enfants de la Syrie qui ont choisi l'exil, loin de la guerre, nous avons l'obligation de diffuser la culture syrienne, d'expliquer la situation en Syrie auprès du public notamment poitevin. Justement, cette journée des associations organisée par la mairie de Poitiers est l'occasion de parler et d'expliquer ce qui se passe en Syrie. En fait, les médias français et même internationaux

parlent peu de la guerre en Syrie. D'ailleurs, ils n'abordent pas avec objectivité les causes réelles de cette guerre voulue par Bachar Al Assad et ses alliées contre le peuple syrien.

Depuis plus de cinquante ans, la famille d'Assad gouverne la Syrie. Le père a dirigé le pays, une trentaine d'année. Il est décédé en 2000. Aussitôt, son fils Bachar hérite du trône avec la bénédiction des Occidentaux. Bien évidemment, il est élu président en juillet 2000 avec 94,60 % des suffrages. Sans entrer dans les détails, son père, Hafez Al Assad est devenu président suite à un coup d'État en 1970, il commence son règne par une purge des opposants et se débarrasse même de ses amis, afin de posséder tous les pouvoirs, non dans l'intérêt du Pays, mais seulement, pour satisfaire ses ambitions personnelles et communautaires contre la majorité sunnite.

Durant son règne, le père Hafez Al Assad a semé la terreur et la méfiance au sein de la société syrienne, en implantant des pions partout, à tel point que vous ne faites même pas confiance à votre frère ou à votre voisin.

Le tissu social est complètement disloqué, il n'est plus basé sur la confiance, mais bel et bien sur la suspicion, le clientélisme et la corruption, notamment au sein de l'administration. Cette situation a eu des conséquences très graves sur la vie quotidienne.

Le manque de liberté et de justice incite les jeunes à fuir le pays. Beaucoup d'élites partent et quittent la Syrie sans retour. A titre d'exemple, la communauté chrétienne représentait en 1960 environ 10 %, alors qu'aujourd'hui, elle est estimée à moins de 5 %.

D'autres ont préféré rester et faire face à ce tyran qui tient la Syrie avec une main de fer, ce sont les frères musulmans. C'est une organisation extrêmement disciplinée, riche et cultivée. L'hégémonie du parti Baas sur la toute la Syrie ne passe pas auprès des frères musulmans.

Au début de janvier 1982, dans la ville de Hama, éclate un soulèvent populaire soutenu par les frères musulmans et les riches notables. Comme tout soulèvement, il est entaché par des incidents meurtriers. Les membres de l'organisation attaquent les centres de pouvoir et assassinent des hauts responsables baassistes dont beaucoup de la communauté des alaouites. Le père Assad et son frère Raeffat ont donné l'ordre d'encercler la ville et de la bombarder par l'artillerie et des avions de chasse.

Un massacre à huis clos qui restera gravé, à jamais, dans l'Histoire et la mémoire des Syriens. De rares journalistes comme Gaétan Vannet* a témoigné de la répression sanglante. Des organisations comme Amnesty international, évalue le nombre de victimes entre 25000 et 40 000. Des familles entières ont été fusillées sur le champ ou englouties par les décombres des anciens quartiers, laissant la désolation et le chaos.

Le dictateur Hafez al Assad a voulu donner une leçon de fermeté aux frères musulmans. Mais, à quel prix ! Les forces spéciales de son frère Raefat ont démontré leur brutalité et leur sauvagerie contre une population civile non armée, alors que les rebelles étaient environ 350 retranchés dans les anciens quartiers, avec leurs armes légères.

La même histoire se répète avec le fils Bachar qui répond, par une brutalité inouïe, aux revendications du peuple. Il dit : « c'est moi ou le chaos ». Ce dictateur restera le tyran sanguinaire du 21e siècle, il a détruit ce beau pays, anéanti l'âme et la pierre. Les crimes de Bachar contre la population constituent des crimes contre l'humanité.

Si nous voulons analyser les raisons et les causes de cette guerre contre le peuple syrien, il faut d'abord comprendre la personnalité de cette famille Assad. D'abord le père Hafez est une personne habile, rusée et méfiante, mais qui vous trahit aussitôt si cela va dans son intérêt. Il est capable de vous éliminer pour n'importe quel motif, s'il voit que votre mort lui rend service. il est capable de vous tuer tous. Le pouvoir, pour lui, est une obsession, et doit rester au pouvoir coûte que coûte. Le pouvoir est une ambition personnelle, il peut s'allier avec le diable. Il peut conclure des accords secrètement avec les puissants comme l'Amérique ou la Russie, pourvu qu'il reste au pouvoir. Sa défaite, après la guerre d'octobre avec Israël en 1973, le pousse à céder par exemple le Golan syrien à Israël, à condition qu'il reste au pouvoir et qu'il assure la sécurité de la frontière syro-israëlienne. En 1975, il occupe le Liban, après un feu vert de USA et la bénédiction de la ligue arabe, afin de réprimer tout soulèvement, notamment palestinien.

Le fils Bachar possède les mêmes traits de caractère – violence et absence d'humanité - que son père sauf qu'il n'a aucune personnalité. Il est capable de changer d'avis plusieurs fois. S'il considère que son intérêt personnel est plus important avec tel ou tel pays, il n'hésitera pas à faire alliance avec ce dernier, au détriment du peuple syrien. Dès 2011, il fait alliance avec l'Iran pour combattre les révolutionnaires syriens au commencement de la révolte. Il fait aussi, appel à la Russie pour le sauver, lorsqu' il voit son palais menacé par les rebelles à une dizaine de kilomètres de Damas.

Le régime d'Assad, travaille secrètement avec tous les pays du monde, même ceux qui se disent amis avec le peuple syrien.

Depuis mars 2011, la guerre voulue par ce régime a fait plus d'un 1,5 million de morts et disparus, plus de 15 millions de Syriens, déplacés ou réfugiés, ont quitté leur terre. Des infrastructures complètement anéanties, des villes entières détruites à 70 %.

La question que l'on se pose tous est pourquoi le régime syrien est toujours là ?

Nous voyons bien que la stratégie des puissances étrangères, notamment occidentale, préfère traiter avec un régime tyrannique et obéissant aux ordres qu'avec une véritable démocratie que mérite le peuple syrien. L'Occident brandit les valeurs humanitaires et les droits de l'Homme mais ferme les yeux sur des atrocités commises par le régime de Bachar al assad. Quand les prisons renferment des milliers de prisonniers innocents qui sont torturés à mort, alors que personne ne lève le doigt ! Al

Assad ne peut considérer l'attitude des Occidentaux que comme un feu vert pour continuer à tuer et torturer sa population.

C'est la raison pour laquelle nous voyons qu'au bout dix ans de guerre, la situation n'a pas changé. Assad est toujours là, POURQUOI ?

Tout simplement, tous les puissants ne voient pas d'un bon œil un Proche-Orient démocratique, comme en Occident. Il est inenvisageable pour ces puissances de voir en la Syrie un pays démocratique dont le peuple pourrait jouir de la liberté et s'exprimer librement. Cette hypothèse d'une Syrie libre et enfin débarrassée d'un régime autoritaire donnerait l'espoir aux peuples arabes de choisir aussi de vivre dans une démocratie où le droit de vote serait véritablement inscrit dans leur constitution. D'ailleurs, nous remarquons bien que tous les régimes arabes sont contre les révolutions notamment la révolution syrienne. Ils ont créé les contres révolutions afin de faire capoter le printemps arabe.

Le rêve des Syriens est brisé par la volonté d'un monde où les intérêts des plus forts priment toujours sur

les valeurs humaines. Dix ans de guerre contre un peuple qui a voulu la liberté, et la dignité.

En conclusion, la Syrie d'aujourd'hui, est occupée par les grandes puissances et des différentes milices.

Dans tous les cas, la révolution syrienne marquera à jamais le 21e siècle, elle triomphera peu importe le temps que cela prendra. L'Histoire nous apprend que la détermination du peuple vaincra.

Article écrit et édité par le président

M Moussa Mohamed

Références :