Une fois qu'on est infecté par le virus de la fièvre jaune, la période d'incubation dans l'organisme dure de 3 à 6 jours. L'infection reste asymptomatique chez de nombreuses personnes mais lorsque des symptômes apparaissent, les plus courants sont de la fièvre, des myalgies, au premier plan desquelles des dorsalgies, des céphalées, une perte de l'appétit, des nausées ou des vomissements. Dans la plupart des cas, les symptômes disparaissent au bout de 3 à 4 jours.
Dans une petite proportion des cas, les patients entrent cependant dans une deuxième phase, plus toxique, dans les 24 heures suivant la rémission initiale. Une fièvre élevée se réinstalle et plusieurs systèmes organiques sont touchés, en général le foie et les reins.
La fièvre jaune est difficile à diagnostiquer, surtout dans les stades précoces. Dans sa forme plus sévère, on peut la confondre avec le paludisme grave, la leptospirose, l'hépatite virale (surtout les formes fulminantes), d'autres fièvres hémorragiques, d'autres maladies à flavivirus (comme la dengue hémorragique) ou une intoxication.
Les tests sanguins (RT-PCR) permettent parfois de détecter le virus à un stade précoce de la maladie. Aux stades plus tardifs, il faut procéder à des tests pour identifier les anticorps (ELISA et PRNT).
La fièvre jaune est endémique sur tout le territoire ou dans certaines régions de 47 pays d'Afrique (34 pays) et d'Amérique latine (13 pays). Une modélisation basée sur des sources de données africaines a permis d'estimer la charge de morbidité imputable à cette maladie en 2013: il y a eu 84 000 à 170 000 cas graves et 29 000 à 60 000 décès.
Les voyageurs occasionnels se rendant dans des pays d'endémie peuvent rapporter la maladie dans des pays où il n'y a pas de fièvre jaune. Afin d'éviter de telles importations, de nombreux pays exigent un certificat de vaccination antiamarile avant de délivrer des visas, notamment si les voyageurs viennent de zones d'endémie ou ont visité ces régions.
Dans les siècles passés (du XVIIe au XIXe siècle), la fièvre jaune a été amenée en Amérique du Nord et en Europe et y a provoqué de grandes épidémies qui ont perturbé les économies, le développement et, dans certains cas, décimé les populations.
Le virus de la fièvre jaune est un arbovirus appartenant au genre Flavivirus et il est transmis par certaines espèces de moustiques des genres Aedes et Haemogogus. Ces espèces vivent dans des habitats différents, certaines se reproduisent autour des maisons (domestiques), d'autres dans la jungle (sauvages) et d'autres encore dans les deux types d'habitats (semi domestiques). Il y a 3 types de cycles de transmission:
L'administration rapide d'un bon traitement symptomatique à l'hôpital améliore les taux de survie. Il n'existe actuellement aucun médicament antiviral spécifique contre la fièvre jaune, mais des soins spécifiques pour traiter la déshydratation, l'insuffisance hépatique et rénale et la fièvre améliorent l'issue de la maladie pour les patients. Les antibiotiques permettent de traiter les surinfections bactériennes.
C'est le moyen de prévention le plus important pour éviter la fièvre jaune. Le vaccin antiamaril est sûr et peu coûteux; une seule dose confère une protection à vie contre la maladie sans qu'il soit besoin d'administrer une dose de rappel.
On a recours à plusieurs stratégies de vaccination pour se prévenir lla fièvre jaune et enrayer sa transmission: vaccination systématique des nourrissons; campagnes de vaccination de masse destinées à accroître la couverture dans les pays à risque; vaccination des voyageurs allant dans des zones d'endémie.
Dans les zones à haut risque où la couverture vaccinale est faible, la reconnaissance rapide des flambées et leur maîtrise par la vaccination de masse sont essentielles pour prévenir les épidémies. Il est important de vacciner la majorité de la population exposée au risque (au moins 80%) pour prévenir la transmission dans une région où sévit une flambée de fièvre jaune.
Le risque de «manifestations postvaccinales indésirables» (MAPI) est plus élevé pour les personnes âgées de 60 ans et plus et pour tout sujet présentant une immunodéficience sévère due à une infection à VIH/sida symptomatique ou à d'autres causes, ou encore ceux qui ont des troubles du thymus. Le vaccin sera prescrit aux personnes de plus de 60 ans après une évaluation soigneuse des risques et des avantages.
Les personnes en général exclues de la vaccination sont les suivantes:
Conformément aux Règlement sanitaire international (RSI), les pays ont le droit d'exiger des voyageurs qu'ils présentent un certificat de vaccination antiamarile. S'il existe des motifs médicaux pour qu'ils ne soient pas vaccinés, cela doit également être certifié par les autorités compétentes.
Le RSI est un cadre juridiquement contraignant pour enrayer la propagation des maladies infectieuses et d'autres menaces pour la santé. L'exigence pour les voyageurs de présenter un certificat de vaccination est à la discrétion de chaque État Partie et, actuellement, ce certificat n'est pas demandé par tous les pays.
On peut réduire le risque de transmission de la fièvre jaune dans les zones urbaines en éliminant les gîtes larvaires potentiels par l'application de produits larvicides dans les conteneurs pour conserver l'eau et dans tous les endroits où l'eau peut s'accumuler.
La surveillance des vecteurs et la lutte antivectorielle s'inscrivent dans la lutte contre les maladies à transmission vectorielle, en particulier pour ce qui est du contrôle de la transmission en cas d'épidémie. Pour ce qui est de la fièvre jaune, la surveillance des vecteurs ciblant Aedes aegypti ainsi que d'autres espèces d'Aedes permettra de connaître les zones urbaines susceptibles d'être le théâtre d'une flambée.
Comprendre la distribution de ces moustiques sur un territoire peut permettre à un pays d'accorder la priorité à certaines zones afin de renforcer la surveillance de la maladie humaine et le dépistage, et d'envisager des activités de lutte antivectorielle. La gamme d'insecticides sans danger, efficaces et rentables pouvant être utilisés contre les vecteurs adultes est actuellement limitée du point de vue de la santé publique. Cela s'explique principalement par la résistance des principaux vecteurs aux insecticides habituels et au retrait ou à l'abandon de certains pesticides pour des raisons d'innocuité ou de coût d'une nouvelle homologation.
Historiquement, les campagnes de lutte contre les moustiques ont permis d'éliminer avec succès Aedes aegypti, le vecteur urbain de la fièvre jaune, de la plupart des pays continentaux d'Amérique centrale et du Sud. Toutefois, cette espèce de moustique a recolonisé les zones urbaines de cette région et représente à nouveau un risque de fièvre jaune urbaine.
Les programmes de lutte ciblant les moustiques sauvages dans les zones forestières sont difficilement praticables pour la prévention de la transmission selvatique (dans la jungle) de la fièvre jaune.
Des mesures de prévention personnelles, comme le port de vêtements couvrant le maximum de peau et l'utilisation de répulsifs, sont recommandées afin d'éviter les piqûres de moustiques. L'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide sur les lits est une mesure moins efficace, car les moustiques Aedes piquent pendant la journée.
La prompte détection de la fièvre jaune et la riposte rapide au moyen de campagnes de vaccination d'urgence sont essentielles pour lutter contre les flambées. La sous-notification reste cependant préoccupante et on estime que le véritable nombre des cas est de 10 à 250 fois supérieures à celui des cas actuellement notifiés.
L'OMS recommande à chaque pays à risque de disposer au moins d'un laboratoire national pouvant pratiquer les tests hématologiques de base pour le diagnostic de la fièvre jaune. On considère qu'un cas confirmé en laboratoire au sein d'une population non vaccinée constitue à lui seul une flambée.
Quel que soit le contexte, tout cas confirmé doit être étudié de manière approfondie. Les équipes d'investigation doivent évaluer la flambée et riposter à la fois en prenant des mesures d'urgence et en établissant des plans de vaccination à plus long terme.
En 2016, 2 flambées urbaines de fièvre jaune liées – à Luanda (Angola) et à Kinshasa (République démocratique du Congo), avec une exportation internationale plus large de la maladie de l'Angola vers d'autres pays, y compris la Chine – ont montré que la fièvre jaune représente une grave menace à l'échelle mondiale, qui implique d'initier une nouvelle réflexion stratégique.
La stratégie d'élimination de l'épidémie de fièvre jaune (EYE) a été mise sur pied afin de répondre à la menace accrue liée aux flambées urbaines de fièvre jaune qui se propagent en dehors des frontières. Pilotée par l'OMS, l'UNICEF et Gavi, l'Alliance du vaccin, la stratégie EYE accompagne 40 pays et fait intervenir plus de 50 partenaires.
La stratégie mondiale EYE vise 3 objectifs stratégiques:
1. protéger les populations à risque;
2. prévenir la propagation internationale de la fièvre jaune;
3. contenir rapidement les flambées.
Ces objectifs sont appuyés par 5 compétences gages de réussite:
1. des vaccins abordables et un marché des vaccins régulier;
2. un engagement politique fort à l'échelle mondiale, régionale et nationale;
3. une gouvernance de haut niveau avec des partenariats à long terme;
4. des synergies avec d'autres programmes de santé et d'autres secteurs;
5. de la recherche-développement afin de mettre au point des outils et des pratiques de meilleure qualité.
La stratégie EYE est exhaustive, plurielle et pluripartite. Certes, elle recommande la vaccination, mais elle préconise également la construction de centres urbains résilients, la planification de la préparation urbaine et le renforcement de l'application du Règlement sanitaire international (2005).
Le partenariat EYE appuie les pays d'Afrique et des Amériques dans lesquels le risque de fièvre jaune est élevé et modéré en renforçant leur capacité de surveillance et de laboratoire afin de riposter aux cas et aux flambées de fièvre jaune. Les partenaires de la stratégie EYE apportent également leur soutien à la mise en œuvre et à la pérennisation de programmes de vaccination systématique et de campagnes de vaccination (préventive, anticipée, réactive) là où cela s'avère nécessaire et au moment opportun.